Ramin Haerizadeh, Rokni Haerizadeh,
Hesam Rahmanian
Luminous Shadow, 2025
Luminous Shadow, 2025

Ramin Haerizadeh, Rokni Haerizadeh, Hesam Rahmanian
Luminous Shadow, 2025
Acrylique et collage sur papier
58 x 45 cm ( 69 x 56 x 4 cm encadré )
Pièce unique

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À travers sa structure, Luminous Shadow prolonge la recherche entre forme et informe, du domaine théorique vers la pratique. L??uvre explore la manière dont des idées issues de la métaphysique islamique peuvent réapparaître dans la réalité matérielle de la région, pour construire un récit fondé sur une histoire vivante.

L??uvre se conçoit comme un cadre à l?intérieur duquel quelque chose revient dans le paysage, façonnant un récit renouvelé du présent. Elle utilise la philosophie pour traduire matière et forme au sein du terrain vivant du désert.

Luminous Shadow se déploie à travers trois plans de l?être dans la métaphysique et le mysticisme islamiques :  
*Nasut* (le monde matériel et visible),  
*Malakut* (le domaine imaginal et intermédiaire),  
et *Hayula* (la matière première, informe).  
Ce sont des instruments pour interroger forme, absence de forme et substance, dans une tentative de redécouvrir comment l?existence circule entre états formés et non formés.

L??uvre commence dans Nasut, le royaume terrestre. Un doigt, constitué de couches de contreplaqué et de collage, agit comme outil principal. C?est un véhicule de migration (Hijra) au sens donné par Ibrahim al-Koni : pour renaître, il faut quitter ce que l?on a été.

Le doigt n?est pas un socle, mais un passage : un pont entre l?intention, le mental et le monde matériel, portant des amas de lettres qui ne sont plus écrites pour être lues, mais pour devenir.

Dans Malakut, ces lettres flottent entre texte et image. Chaque groupe contient des fragments d?Ibn ?Arabi :  
« Comme cette obscurité est exquise, comme sa lumière est intense, comme son éclat est radieux. Cette obscurité est la source des lumières, la source des yeux des secrets, et l?élément de toutes les substances. De cette obscurité je t?ai créé, et vers elle je te ramènerai, et je ne te ferai pas sortir d?elle. »

Le sens se condense en structure ; la langue devient os.

À l?arrière de la sculpture, la surface est entièrement plate, recouverte d?une peinture orange fluorescente. Une fois éclairée, elle projette un reflet néon sur le mur ? une extension immatérielle de l??uvre. Cette lueur pointe vers Hayula : la substance première, informe, la matière originelle de l?existence. Ce n?est pas la lumière comme symbole, mais la matière en puissance, la boue féminine avant l?animation.

À travers ces passages ? du bois tangible de Nasut, aux lettres suspendues de Malakut, jusqu?au champ orange de Hayula ? Luminous Shadow devient un parcours philosophique : une enquête sculpturale sur la manière dont la forme migre à travers la matière, et dont la matière elle-même commence à penser.