Une histoire sentimentale de la ventriloquie
À l'heure où des électeurs hésitent à donner leur voix, où la parole théocratique délivre des messages brouillés, où la voix des poètes est recouverte des poussières du passé, il est temps d'écouter les ventriloques qui, dès qu'ils en ont l'occasion, font vivre des mondes imprévus où les voix de toute nature trouvent leur bonne entente.
Au pas cadencé, ils suivent les enragés.
Dans ma grande bonté, je fais des croche-pieds.
Têtes baissées, ils suivent les écervelés.
Lèvres serrées, je dis ma façon de penser.
Qu'enfin sonne l'heure des quatre vérités.
Que bien loin résonne la voix des désarmés.*
*Extrait d'une chanson que des conscrits pacifistes au talent
de ventriloque fredonnaient incognito durant les défilés militaires.