Cette marge sera ton point d'observation
This margin will be your vantage point
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Cette marge sera ton point d'observation

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EXPOSITION COLLECTIVE

Avec :
Julie Becker 
Sebastian Jefford 
Ndayé Kouagou 
Hanne Lippard 
Xiaoshi Vivian Vivian Qin
Alice dos Reis 
Magali Reus

CURATION : Giulia Civardi et Taddeo Reinhardt



Tu annotais l'idée d'un présent long et élastique qui pourrait inclure la violence, la

passivité et la patience aussi bien que les villes, comme un cristal de quartz.
Tu as joué toutes les cartes; tu avais tes raisons.
Tu te faisais photographier intérieurement.

                            -          Cinéma du Présent, Lisa Robertson
 
 

Errer dans les marges, c'est jouer avec la tension entre l'imperceptible et ce qui peut être accompli. Cela peut engendrer un sentiment d'indétermination, une paralysie provoquée par le fait de voir les antagonismes de la vie sous de multiples angles. C'est une pratique risquée, on peut se laisser prendre dans un faux-rythme, évoluer à contretemps des pulsions contemporaines, de ses logiques de production et de performance, se retrouver submergé et avoir de la peine à retrouver la surface. Pourtant, cela peut également permettre d'entreprendre la construction de mondes. Les périodes de latence offrent l'occasion de faire le point et de réparer, processus essentiel à toute récupération. Et c'est ce même processus qui est à l'oeuvre lorsque, en pleine nuit, nous nous réveillons et tentons de deviner si le ciel, déjà, a changé de couleur - spéculation où discerner les brèches dans le terrain mouvant du présent.
 
Cette marge sera ton point d'observation s'intéresse, à travers des oeuvres qui mêlent imaginaires urbains et espaces personnels, aux états liminaires et aux moments de suspension. Opérant au point de croisement entre corps, états psychologiques, intérieurs architecturaux et réalités urbaines, l'exposition examine les gestes subtils et les brèves interruptions qui délimitent les lieux où se négocient les protocoles quotidiens.
 
Les sept artistes exposés proposent des visions du monde à la fois familières et décalées qui remettent en question la perception de nos environnements. Certaines oeuvres offrent des pistes vers des moments d'incertitude écologique et personnelle (Xiaoshi Vivian Vivian Qin). D'autres révèlent les contraintes imposées par les systèmes socio-économiques urbains, mettant en scène des pièces où le corps peut se relâcher (Alice dos Reis, Julie Becker). Des images et des sentiments désincarnés issus d'espaces virtuels imprègnent l'architecture pour être perçus différemment (Hanne Lippard, Sebastian Jefford) tandis que des machines fantastiques deviennent autant de portails (Magali Reus) et le sol une zone de contact pour des dialogues sur l'altérité (Ndayé Kouagou). Alors que la distinction entre les états physiques et mentaux s'estompe, différentes strates de réalité sociale se dessinent. Tout en soulignant, d'un point de vue intime, les limites imposées par les structures sociales et économiques, ces artistes s'engagent aussi dans un processus de façonnage de mondes, proposant des perspectives sur la négociation complexe du soi au sein de paysages sans cesse mouvants.
 
L'interstitiel - ce qui fait partie d'un tout mais y dessine un segment autonome - devient refuge temporaire, mode de refus ou possibilité de changer de perspective et de réévaluer les paramètres qui façonnent les corps et les réalités admises.