Né en 1974 à Beer Sheva, IL
Vit et travaille entre Paris, FR & Tel Aviv, IL
« Claire Luna : Amir, tu es israélien, et tu vis et travailles entre Tel Aviv et Beersheva. Aujourd'hui, tu présentes ta première exposition individuelle To Give What Is Due à la galerie In Situ - fabienne leclerc. Que représente la France pour toi ? Comment vis-tu ton actuelle résidence artistique ? Quel accueil attends-tu du public français ?
Amir Nave : La dimension internationale est un stade essentiel dans la vie et l'évolution d'un artiste. C'est le moment où le choc entre deux cultures peut faire apparaître un lien fertile et empreint de beauté. Dans mon exposition, je propose une perspective supplémentaire, une invitation à prendre en considération mes réflexions et observations sur l'art alors que je viens d'une terre, d'une culture, d'une vie différente. [...] Paris a fait naître en moi des pensées fructueuses, et un choc certain sur le plan émotionnel. Je ne suis resté ici que deux mois environ, mais je sens une profonde tristesse dans l'air, le genre de tristesse qui va depair avec le charme romantique, la solitude et la beauté. Là d'où je viens, la vision de l'histoire est entièrement différente et, de ce fait, la vision de la beauté l'est aussi. En Israël, je n'éprouve aucune envie. Ici, je me sens déchaîné. Féroce.
C.L. : La réserve occupe beaucoup d'espace dans tes oeuvres. Aussi l'extérieur n'est pas ou peu représenté, si ce n'est par un horizon, pas toujours horizontal d'ailleurs, et plus souvent évoqué symboliquement que décrit. Le monde extérieur est contenu dans la seule mise en scène des corps, dans leur mouvement et dans la matière de leur chair. Comment conçois-tu ce vide environnant ? Tu m'as beaucoup parlé de chaos et d'abîme : est-ce que le vide ou l'absence sont pour toi une façon de les évoquer ?
A.N. : Dans ma recherche artistique, la destruction en dit plus que la construction. Je n'ai pas peur quand je peins. C'est quelque chose que je ne peux pas vraiment expliquer. C'est être dans une autre dimension. Et la lutte à l'intérieur de ma peinture est liée au rapport entre le vide et le plein. Il y a des oeuvres « pleines » et des oeuvres « vides ». Cette polarité m'intéresse. Pour moi, le vide peut susciter la créativité parce que c'est notre façon de décrire quelque chose que nous ne pouvons pas totalement concevoir. Le vide échappe au domaine du langage. »
Amir Nave, Three doors, at the edge of the cliff, extrait de l'interview réalisée Claire Luna, Janvier 2018